SIMONE VEIL : L’IVG

Son combat pour l'avortement

Une jeunesse troublée par la Grande Guerre

Simone Jacob (son nom de naissance) est née en 1927 à Paris. Elle est issue d’une famille juive, son père était architecte. Elle est la cadette d’une fratrie de 4 enfants, un frère et deux soeurs.

La guerre qui débute en 1939 est rapidement gagnée par les allemands, et la France signe l’armistice en 1940. le régime de Vichy, avec à sa tête, le Maréchal Pétain, met en place le statut de « Juif », et oblige cette communauté à un certain nombre d’obligations et d’interdictions. L’ensemble des juifs doivent dès lors s’enregistrer auprès des autorités. Ainsi, André Jacob, père de Simone Veil, réalise l’ensemble des démarches, et se voit interdire la pratique de son métier. La famille Jacob se retrouve sans argent, et de ce fait, les enfants sont envoyés chez leur oncle à Carcassonne, le temps de rétablir la situation. A leur retour à Nice, la situation est totalement différente. La zone libre devient peu à peu occupée, si bien qu’en 1943, Nice se retrouve occupé.

C’est en mars 1944 que tout bascule. Après la fin de ses examens du baccalauréat, elle décide de partir rejoindre ses camarade de classe pour fêter la fin des épreuves. Sur le chemin, elle se fait contrôler par deux allemands en civils qui l’embarquent aussitôt. Dans les heures qui suivent, le reste de la famille, alors hébergée par des amis niçois, se fait embarquer à son tour par les autorités. La famille se voit alors divisée au moment de partir pour les camps de concentration : Simone, l’une de ses soeur et sa mère partent ensemble, alors que son père et son frère partent dans un autre convoi. Arrivée à Auschwitz, Elle doit mentir sur son âge afin d’éviter l’extermination. Simone, sa mère et sa soeur, sont contraintes au travail forcé. Aidée par une « kapo », elles échappent plusieurs fois à la mort. À l’approche de la libération, les allemands abandonnent le camp d’Auschwitz, et forcent les détenus à marcher jusqu’au camp de Bergen-Belsen où elles travailleront à la cuisine. Dans ce camp, et atteinte du typhus, sa mère meurt, mais sa soeur, atteinte également, sera sauvée lors de la libération. De cette déportation, seules ses 2 soeurs et elle survivront. De retour en France, elle se destine à des études de droits et de politique et s’inscrit à l’IEP de Paris et la faculté de droit de Paris. Elle décide de renoncer à être avocate et décide de passer le concours de la magistrature.

Une femme d’État

S’ouvre ensuite un épisode important dans la carrière politique de Simone Veil. Elle devient tête de liste UDF lors des élections de 1979 et élue première présidente du Parlement européen au suffrage universel direct jusqu’en 1982. Elle reste députée européenne jusqu’en 1993 avant d’être nommée Ministre d’État des Affaires sociales dans le gouvernement d’Édouard Balladur (1993-1995) et de terminer sa carrière au Conseil constitutionnel (1998-2007). Elle s’engagera en 2005 pour le « oui » au Traité européen. En mars 2007 elle soutient Nicolas Sarkozy, un ami fidèle, à l’élection présidentielle qui annonce lors de sa campagne, la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. De 2000 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle devient présidente d’honneur. Le 20 novembre 2008, elle rentre à l’Académie française par élection au premier tour de scrutin par 22 voix sur 29. Elle est promue Grand Officier de la Légion d’Honneur le 1er janvier 2009, une distinction qu’elle avait refusée quelques années plus tôt. (Propos recueillis sur le site simoneveil.fr)

Son combat pour la dépénalisation de l’avortement

Le principal combat de Simone Weil politiquement a été l’adoption de la Loi Veil en 1975. Cette loi a pour but de dépénaliser l’avortement et autoriser l’IVG, l’Interruption Volontaire de Grossesse. Elle subira de nombreuses critiques pour ses déclarations sur le sujet. En effet, les conservateurs et opposants de l’époque lui reproche de vouloir créer une industrie de la mort, où il deviendrait normal de pouvoir avorter. Elle déclare lors d’un discours à l’Assemblée :  » Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issues. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme — je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour le contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. »

Finalement, la Loi Weil sera voté après 25h de débats le 17 janvier 1975. Elle autorise l’avortement, mais uniquement sous certaines conditions : la volonté de la mère, l’autorisation d’experts, pas d’autres alternatives. Elle doit être également pratiquée dans les 12 premières semaines de grossesse.

Simone Veil décèdera le 30 juin 2017 à Paris. Un hommage national lui est rendu. Elle rentrera au Panthéon avec son mari le 1er juillet 2018.

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