MUMS & JOBS #8: MARION, THÉRAPEUTE FAMILIALE

Situations familiales délicates, enfants et ados en détresse, Marion accompagne les familles en difficulté pour recréer le lien précieux ...

Nous avons été à la rencontre de Marion, une wondermum solo de deux enfants.

Marion a travaillé pendant 20 ans comme éducatrice spécialisée en milieu ouvert au sein de la Protection de l’Enfance.

Aujourd’hui elle a quitté son activité de salariée et a ouvert « SYSTEDUC-CE QUI NOUS LIE », un cabinet  d’accompagnement éducatif et familial qui est là -entre autres- pour recréer du lien dans les familles.MI: En quoi consistait ton job/missions dans ton activité d’éducatrice spécialisée ?

Marion: Mon intervention était avant tout une mission de protection des enfants. Il s’agissait pour moi, de trouver une solution aux problèmes rencontrés par les enfants au sein de leur famille.

Pour ce faire, je travaillais avec l’enfant et sa famille.

C’est indispensable d’avoir une vision globale et de ne pas se concentrer uniquement sur l’enfant.

Parce que lorsqu’un enfant va mal, c’est toute la famille qui est impactée. Et en général, à travers ce que l’enfant montre, c’est un message qu’il tente de transmettre à son entourage. Travailler avec la famille permet de chercher et d’espérer trouver ce qui fait souffrance.

L’accompagnement des familles s’effectuait à plusieurs niveaux :

Le plus grave et le plus difficile : celui des enfants maltraités, que ce soit psychologiquement, physiquement ou sexuellement.

Dans ce cas-là je travaillais avec le Juge des enfants. J’ai été amenée à solliciter des placements pour protéger ces enfants.

Dans ces situations-là nous étions souvent encore les seuls à pouvoir entrer dans la famille.

J’intervenais au domicile des personnes. J’ai côtoyé la détresse humaine. Il m’a fallu par exemple réapprendre les bases de l’hygiène à des adultes qui avaient perdu pieds ; et il m’est arrivée à plusieurs reprises d’assurer la protection des animaux de la famille en les récupérant et en les mettant à l’abri… Cela faisait partie de mon job, parce que pour moi la souffrance de tout être vivant est intolérable.

Et puis il y avait ce que j’appelle les vraies questions éducatives, et dont la résolution me passionne :

Il s’agit d’adolescents en crise ou encore de conflits parentaux dans lesquels les enfants étaient pris à parti.

J’ai rencontré beaucoup de familles exceptionnelles, capables de se mobiliser pour peu qu’on leur fasse confiance. Elles m’ont beaucoup appris autant sur mon métier que sur moi-même.

Et puis j’ai souhaité renforcer ma formation initiale qui était plutôt théorique, avec des outils concrets, et apporter un nouveau souffle à mon action.

J’ai donc entrepris une formation de thérapeute familiale il y a 4 ans. C’est une formation basée sur la systémie (étude des groupes).

MI: Comment supportais-tu ton quotidien parfois un peu difficile?

Marion : Je ne pense pas que lorsque l’on fait un tel travail on puisse complètement scinder son esprit : celui de la vie privée et celui dédié à la vie professionnelle.

Ce que je veux dire par là, c’est que lorsque l’on travaille avec des personnes, avec leur souffrance, on est obligatoirement investie personnellement.

Etre vraie, ne pas jouer un rôle, leur donner de moi-même. C’est me semble t-il la première chose que je devais à toutes ces personnes, enfants et adultes, qui m’ont fait confiance. Je connais mes limites, donc je n’ai pas peur de donner quelque chose de moi.

Cependant, cela demande de trouver des moments de ressourcement : la méditation, la spiritualité, le sport (je cours régulièrement) et les collègues avec qui il était possible d’échanger, de lâcher prise lorsqu’une situation générait trop d’émotions.

Et surtout, en faisant ce travail, je me sentais actrice responsable, j’avais l’impression que j’agissais pour ces enfants, pour ces familles. Et ce sentiment m’a toujours galvanisé.

Lorsqu’une situation se passe bien, lorsque l’on a le sentiment que là, on a pu venir en aide à un enfant, à une personne, une famille et même un animal, alors, tout notre travail prend du sens et permet de tenir dans les moments plus douloureux.

Je crois que c’est cela avant tout qui m’a permis de supporter la souffrance : la possibilité d’agir et de faire changer les choses. Et c’est toujours ce qui me porte aujourd’hui.

La relation avec les personnes, quelles qu’elles soit, c’est magique J !

Créer du lien, permettre à ce lien de donner confiance à l’autre, en ses capacités, j’adore cela !

Je crois en fait, pour répondre à la question, que ce qui me permettais de tenir dans ce travail quelquefois très difficile, c’était…. mon job auprès des familles lui-même J !

Par contre j’ai souffert de constater que le système n’était pas toujours adapté, que l’on devenait de plus en plus des exécutants et que les décisions prises parfois par la justice étaient incohérentes, pouvant à certains moments même desservir l’intérêt de l’enfant.

C’est pour cela que j’ai eu envie de proposer une alternative.

MI: Peux tu nous parler de ton activité actuelle ?

Marion: Mon projet était d’abord de faire de l’accompagnement familial et éducatif, dans la mesure où je suis éducatrice diplômée d’Etat. Je souhaitais offrir aux familles une alternative aux services sociaux.

Puis, cela a cheminé avec ma formation : je propose aujourd’hui non seulement un accompagnement éducatif mais également et surtout de la thérapie familiale.

Les familles qui s’adressent à moi rencontrent des problèmes comportementaux avec leur enfant, tels que des angoisses, des difficultés de comportement à l’école, une précocité, de l’agressivité, de l’énurésie, etc…

Beaucoup de mes clients sont des familles d’adolescents qui traversent une crise importante, générant de l’agressivité, une déscolarisation, des phobies scolaires ou des conduites addictives par exemple.

Il m’arrive également de travailler avec les couples qui vivent un moment de crise.

Ou même, lorsqu’une maman vient me voir pour me parler d’un problème qu’elle rencontre avec son ado, il arrive qu’elle-même souhaite faire un petit bout de chemin avec moi, pour résoudre des difficultés qui lui sont propres : en identifiant une difficulté avec son enfant elle met le doigt sur quelque chose qui la concerne elle, son vécu, et je travaille donc cela avec elle.

Cette double casquette éducative et thérapeutique me permet d’avoir une approche atypique : je peux autant par exemple aider des parents face à une démarche d’orientation scolaire, que de les aider à travailler le fond d’une problématique familiale. A la différence du psychologue, je suis davantage ancrée dans la réalité des personnes.

MI: Comment se déroule l’accompagnement?

Marion: Ce sont souvent les femmes qui frappent à la porte

Il y a un premier entretien de préférence avec toute la famille. Le premier entretien est gratuit parce qu’il me semble nécessaire que la famille et le jeune puissent décider que  c’est mon approche qui convienne. D’autant plus qu’il s’agit avant tout d’une question de feeling dans la rencontre avec la thérapeute. Pour moi la notion de liberté de choix est fondamentale.

La séance dure 1h ou 1h30 en fonction des besoins. J’aime prendre le temps avec les personnes.

Les accompagnements se font à mon cabinet mais exceptionnellement, cela peut se faire au domicile. C’est parfois plus facile et rassurant pour beaucoup d’ados de rester dans son cadre….

(Aujourd’hui j’ai un cabinet à Strasbourg, et j’ai le projet pour le mois de février de proposer mes services également dans la zone de Sélestat et ses environs.)

En fonction du problème, on va continuer ensemble avec la ou les personnes concernées. Il peut être souhaitable que les entretiens se déroulent seul avec le jeune.

Ma double casquette de thérapeute et d’éducatrice est un vrai atout pour mes missions.

MI: En moyenne combien de temps dure l’accompagnement ? 

Marion : Mon objectif n’est pas de garder les familles pendant des années, je dirais qu’en fonction de la fréquence l’accompagnement peut durer de 3 mois à 1 an.

MI: Peut-on dire que tu es une coach familial?

Marion : Je n’ai pas cette formation, mais je joue ce rôle-là aussi je crois:-)   C’est une attitude positive qui fait que lorsque les personnes terminent la séance elles affirment qu’elles se sentent bien…

Peut être simplement parce que je suis dans l’ultra positivisme :-). Je suis ainsi dans la vie aussi. Sans pour autant occulter les difficultés.

Je pars de ce que les gens sont et de là où ils sont dans leur vie. J’aime trouver en l’autre des capacités qu’il ne voit plus.

Je n’ai pas de recette miracle. Je m’adapte aux personnes qui sont en face de moi, dans le respect de ce qu’elles sont. Ma force c’est d’être le tiers et donc d’avoir ce regard différent puisque je ne fais pas partie de la famille.

Après j’utilise des « outils » qui permettent de sortir de l’entretien habituel et qui apportent une dynamique différente.

On a tous des ressources mais les conflits ont tendance à brouiller nos capacités créatives.

« Ma mission c’est de révéler les compétences familiales et individuelles afin que les personnes puissent se réapproprier leur vie »

 

Pour prendre RDV :

Marion Sbinne- Ce qui nous Lie-Accompagnement éducatif et Familial 

20 rue de l’Observatoire

67000 Strasbourg

Tel. 06.89.08.50.09

« ifosep »mr dipatrisio Gabriel

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